Une claque, ce roman graphique aux allures de journal d’enquête et de thriller abracadabrant. Mon cœur s’est soulevé tellement de fois en parcourant ces planches signées Pierre Van Hove – et cela n’avait rien à voir avec l’odeur des algues vertes. J’étais écœurée.

L’enquête, tristement célèbre (enfin, pas encore assez, selon moi), c’est celle menée par la journaliste Inès Léraud sur ces morts subites survenues sur des plages de Bretagne, où s’amassaient des quantités d’algues vertes.
Depuis la fin des années 1980, ce sont une quarantaine d’animaux (parmi lesquels, des chevaux, des chiens, des sangliers) et trois hommes qui y ont perdu la vie au hasard d’une balade fatale. Incriminer ces algues vertes, ou plutôt, l’hydrogène sulfuré (H2S) contenu dans celles-ci, semble tomber sous le sens. Et pourtant…
La journaliste va se heurter aux réticences d’agriculteurs, de médecins et surtout, d’élu•es, qui voient dans cette enquête une atteinte à leur intégrité voire, pire, une volonté manifeste de nuire au tourisme (et donc, à l’économie, évidemment) de cette belle région qu’est la Bretagne (!). Elle rencontrera des lanceurs d’alerte ayant fait l’objet de menaces et d’intimidations. Des familles endeuillées à qui on cachera la vérité.
Écœurée, vous disais-je, de voir tout ce qui pouvait être fait pour faire taire, pour maintenir à flot un tourisme florissant malgré des dangers évidents, pour refuser de mettre en cause le danger de pesticides.
Ce roman graphique est d’une absolue nécessité, lisez-le, offrez-le, faites-le connaître. Il a également l’immense mérite d’expliquer aux lecteur•ices des notions essentielles pour comprendre d’où viennent ces algues – notamment, des changements drastiques opérés dans l’agriculture française, l’intégration progressive des pesticides dans nos existences – et de fournir un dossier explicatif avec photos, copies de lettres, tout document évoqué au fil du récit. J’espère que l’adaptation par Pierre Jolivet contribuera à faire connaître ce scandale et le travail prodigieux d’Inès Léraud.

Je n’ai pas lu la bd, mais j’ai vu le film de Pierre Salvadori récemment et je suis complètement d’accord avec toi : il est plus qu’important de faire connaître cette enquête, par le biais du livre, de la bd ou du film car c’est révoltant et, oui, écoeurant !
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