« Écrire Mazan » d’Élise Costa

Je ne suis pas de celleux qui ont suivi avec passion le procès Pélicot – c’était au-dessus de mes forces -, je n’en ai eu que quelques échos, car l’affaire était dans tous les médias, au centre de toutes les conversations. Je n’avais donc que très peu de cartes en main lorsque j’ai ouvert le livre d’Élisa Costa, cette autrice, chroniqueuse judiciaire, podcasteuse pour ARTE Radio et Slate.fr, découverte à l’écoute du livre « Les Nuits que l’on choisit ».

L’histoire, terrible, tout le monde ou presque la connaît tristement par cœur : en novembre 2020, la vie de Gisèle Pélicot bascule lorsqu’elle apprend qu’elle a été victime de soumission chimique, que son mari, qu’elle aimait profondément, est accusé de l’avoir droguée pour la faire violer par des inconnus. Et pas n’importe où : dans leur maison, celle où ils ont vécu heureux, celle où ils ont élevé leurs 3 enfants. Comment est-ce seulement possible ?

En septembre 2024, 4 ans après, s’est ouvert à Avignon le procès que l’on connaît désormais sous celui du « procès des viols de Mazan ». Jusqu’en décembre, 51 hommes y seront entendus, jugés, leur propos décortiqués.

Élise Costa fait partie de ces journalistes, qui, comme Claire Berest pour Paris Match, ont documenté chaque jour pour un média ce procès historique. Il y avait des milliers de façons d’écrire sur ce procès, Élise Costa en a choisi deux dans ce carnet de bord passionnant : sur les pages de gauche, des mots clés, des schémas, des dessins parfois. Sur celles de droite, les articles publiés tels quels sur Slate.fr avec les faits, les réflexions à la fois sèches et empathiques, sans sensationnalisme obscène, admirablement dénuées de jugement.

Ce livre ne se lit pas d’une traite, certaines pages étaient terriblement dures – j’ai été particulièrement marquée par celles avec les verbatims écœurants des accusés, des journalistes, des avocats de la défense.

Je suis extrêmement admirative du travail d’Élise Costa, et le suis encore davantage depuis que j’ai refermé ce livre. Bravo à elle et aux Éditions Marchialy, qui publient toujours des livres de grande qualité.

Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio