« Après la peau » de Noam Morgensztern

Vous connaissez certainement Noam Morgenztern, pensionnaire de la Comédie-Française, rayonnant aussi bien sur les planches que sur nos écrans – même dans ses rôles les plus sombres, comme dans la série Laëtitia de Jean-Xavier de Lestrade. Il s’essaie ici à l’écriture avec ce premier roman singulier aux allures de journal intime, partant d’un événement a priori banal et, de fait, totalement fondateur : son alopécie. Cette perte de poils et de cheveux va devenir son obsession, et celle de son personnage Adam.


Au fil de 200 pages érudites, il tente de démêler des souvenirs aussi épars que les cheveux d’un vieil homme, convoque les chocs qui auraient pu engendrer cette dramatique pelade. Il cite les solutions drastiques conseillées, essayées, les remèdes naturels ou draconiens qu’on lui a mis entre les mains – et sur la tête – pour faire revenir la chevelure de ses jeunes années. En vain.


J’ai parfois été déroutée par le côté décousu de cette quantité de souvenirs liés tantôt à sa vie personnelle, sa religion, son histoire familiale marquée par la Shoah, les femmes qu’il a aimées, tantôt à sa carrière de comédien. Mais cette impression se dissolvait rapidement, laissant toute sa place au plaisir que j’avais à lire cette langue soutenue, ces mots d’esprit, cette lucidité sur tout, cette ironie pointant parfois.

J’entrevoyais un universel dans ce « drame » personnel, prétexte à une réflexion galopante sur des thèmes bien plus grands.


Une lecture originale, intelligente, déroutante, aussi.

Merci à Babelio et aux Éditions Riveneuve pour la découverte.