J’aimerais trouver les mots pour vous dire combien j’ai aimé Le soldat désaccordé de Gilles Marchand paru aux Éditions des Forges de Vulcain. Un roman magnifique dont l’histoire m’a fait penser à Un long dimanche de fiançailles et l’écriture (si poétique) à celle de Mathias Malzieu.

Un ancien combattant (narrateur de notre histoire) est chargé d’enquêter sur des soldats qui ont disparu pendant la « Der des Ders » ou que leurs familles cherchent à réhabiliter. Parmi elles, il y a la famille Joplain, et plus particulièrement Jeanne, mère éplorée par la disparition de son fils Émile. Elle n’a plus de nouvelles de lui depuis 1916, mais elle en est convaincue, il n’est pas mort. Et voici donc notre enquêteur en herbe lancé sur les traces de ce tout jeune homme. La première piste qu’il suivra sera celle d’une jeune femme dont il était éperdument amoureux, Lucie, une alsacienne qui n’était pas de la même extraction sociale que lui. J’ai été happée par cette enquête, cette plongée dans l’Histoire d’après-guerre, de cette France qui ne se remet pas d’avoir perdu tant de fils, de frères, de maris, de cette Alsace qui ne savait pas si elle devait être française ou allemande entre 14 et 18 (et au-delà).
J’ai été bouleversée par ces histoires d’amour fauchées par la guerre, celle d’Émile et Lucie, mais aussi, celle du narrateur et de son Anna. La fin m’a anéantie et figurez-vous que les pages de mon livre se sont détachées au moment où je l’atteignais. À force d’être trimballé partout, il aura fini en lambeaux, à l’image de mon cœur.
Merci Gilles Marchand pour ce magnifique roman qui est aussi une leçon de l’Histoire pleine de poésie, d’humanité, de douleur, de gâchis. Il est des livres qu’on lit et qu’on oublie, je sais que celui-ci, je ne l’oublierai jamais.
